Avec la disponibilité des joueurs d’EuroLeague, Frédéric Fauthoux a dû longuement échanger avec son staff pour choisir les 12 éléments qui tenteront de qualifier l’Équipe de France pour l’EuroBasket 2025 en février prochain. 

vendredi 17 janvier 2025 à 12:00 par Julien Guérineau

Vous aviez annoncé en novembre dernier que vous n’aviez pas forcément l’intention d’aligner une équipe 100% EuroLeague, malgré la disponibilité des joueurs. Quelle réflexion a guidé vos choix pour cette nouvelle liste ?

Toujours la même. La complémentarité reste essentielle. Je pense aussi que puisque nous sommes dans une nouvelle ère, le fait de pouvoir travailler dans la continuité est un gain de temps par rapport aux 4-5 entraînements que nous aurons avant le match en Croatie. Avoir des joueurs qui ont participé à la fenêtre de novembre permet de ne pas repartir de zéro, de ne pas avoir à tout expliquer à nouveau. Andrew Albicy, par ailleurs, va faire le lien entre ces deux mondes et avoir ce joueur fédérateur est primordial. Cette réflexion était donc le point de départ pour faire la meilleure équipe possible. Et ce n’était pas évident car de nombreux joueurs performent en EuroLeague et il a donc fallu faire des choix assez forts.

Des joueurs auteurs d’une excellente saison en EuroLeague ne feront pas partie de l’Équipe de France alors que les joueurs NBA ne sont pas encore disponibles. Est-ce la parfaite illustration de l’extrême difficulté à intégrer l’équipe nationale ?

Tout à fait, car je le répète, ces joueurs jouent mais surtout ils performent. C’est donc compliqué. Mais sur la durée des joueurs intègreront cette Équipe de France car nous avons besoin d’en voir beaucoup. Il y a ce rendez-vous de février, j’espère l’EuroBasket 2025, une fois la qualification acquise, puis d’autres fenêtres, nombreuses, de qualifications à la Coupe du Monde 2027. C’est la chance du basket français que d’avoir pléthore de joueurs dans les championnats nationaux, en EuroLeague. Et nous n’avons pas encore pioché dans le réservoir NBA… ou universitaire où certains éléments jouent très bien, sans que l’on puisse forcément bien les évaluer.

Hasard du calendrier, cette semaine, Timothé Luwawu-Cabarrot (Vitoria) a inscrit 25 points contre Olympiakos, Sylvain Francisco (Zalgiris) 20 points contre la Virtus, Nadir Hifi (Paris) a été décisif contre Anadolu Efes. A quel point ces performances bousculent-elles parfois vos certitudes ?

Timothé a été longtemps blessé mais Sylvain et Nadir performent depuis le début de saison. Donc je n’étais pas plus embêté que deux jours plus tôt (il sourit). Sylvain et Nadir ont été au cœur de nos discussions avec le staff parce qu’ils sont très bons avec leur club. Mais Théo Malédon, Elie Okobo et Matthew Strazel sont aussi très bons. Il faut donc faire des choix autour des spécificités mais aussi par rapport à la connaissance que je peux avoir des joueurs. En cinq jours c’est très dur de connaître la personne, au-delà du joueur. Cela me donne donc du temps pour échanger par téléphone avec certains d’ici à l’été. Nous aurons le temps de nous découvrir.

Faut-il lire dans vos choix des indices pour la campagne estivale ou s’agit-il d’une réflexion à l’instant T ?

C’est vraiment à l’instant T. Bien évidemment j’aimerais que les joueurs fassent le maximum de matches ensemble avant l’EuroBasket car c’est ainsi qu’on gagne en automatisme. Mais il est difficile de trop se projeter sans la certitude que certains seront bien présents cet été, ce qui pourrait modifier l’équipe autour de ces très grands joueurs. Encore une fois, je suis très attentif à la complémentarité. Mettre les 12 meilleurs joueurs c’est presque facile : les stats, les temps de jeu, on les pose sur le papier et c’est parti. Mais ça ne fonctionne pas ainsi.

Même si cela est sans doute quelque peu caricatural on pourrait estimer que le potentiel secteur extérieur des Bleus est en EuroLeague alors qu’une grande partie du secteur intérieur est en NBA (Wembanyama, Gobert, Yabusele, Sarr…). Cela a-t-il rendu la sélection plus aisée ?

Peut-être était-ce un peu plus clair sur ce secteur, d’autant que Amine Noua et Yoan Makoundou ont été très bons en novembre, chacun dans leur registre. Mais chez les intérieurs d’EuroLeague nous avons évoqué Mam Jaiteh, Moustapha Fall, Petr Cornelie. J’ai par exemple discuté avec Moustapha Fall et nous avons conclu que ce n’était pas forcément le bon moment pour le rappeler. J’ai pensé qu’il était important d’avoir des gens qui connaissent bien le format des fenêtres, ce qui est le cas de Vincent Poirier et Jaylen Hoard. Quant à Neal Sako il est très bon depuis le début de saison et joue avec Théo Maledon, ce qui simplifiera l’intégration dans le jeu.

Malgré son bilan la France n’est pas encore qualifiée. Après une double confrontation face à Chypre en novembre le contexte sera radicalement différent et largement plus périlleux…

Si les Croates ne gagnent pas face à nous, ils sont éliminés. Ils vont donc nous attendre de pied ferme. Nous avons beaucoup de joueurs habitués à évoluer dans des ambiances particulières, au Partizan, à l’Etoile Rouge, à l’Olympiakos. C’était important.

Au moment de communiquer cette liste vous êtes vous dit que celle que vous présenterez cet été va vous occasionner bien des nœuds au cerveau ?

Oui mais ce sont de bons nœuds. Des nœuds sympas à défaire ! La formation française est présente partout. J’y ai pensé même si depuis décembre je m’étais focalisé avant tout sur l’EuroLeague et cette liste de février. Je suis très content de la liste que nous avons publiée, avec l’objectif d’avoir un basket efficace pour gagner et de pratiquer du beau basket.