Les Bleus ont tenu tête aux États-Unis en finale olympique, parvenant à les faire douter un instant dans le quatrième quart-temps. Battus 87-98, ils peuvent savourer la conquête de la médaille d'argent dans un tournoi d'un niveau exceptionnel.

samedi 10 août 2024 à 23:09 par Julien Guérineau

"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors, ils l'ont fait !" La citation apocryphe de Mark Twain ne figurait pas sur les portes des murs du Creps de Wattignies, où avaient été collés quelques maximes philosophiques et autres phrases d’athlètes médaillés aux Jeux. Elle aurait pourtant été fort à propos face à l’ogre absolu que représentent les États-Unis au basket. Et plus particulièrement en 2024, où USA Basketball a aligné une équipe de légende(s) pour s’assurer une cinquième médaille d’or consécutive. Le défi était donc immense pour les Bleus, parvenus en finale après une spectaculaire métamorphose à l’heure des matches couperets.

Le contrôle du tempo devait constituer un élément clé de la finale contre une équipe capable de faire exploser n’importe quel adversaire par sa capacité de course. Les cinq premières minutes ont pourtant été totalement débridées, marquées par l’adresse de Devin Booker et par le talent de Victor Wembanyama. Son entraîneur avait annoncé un grand match. Son disciple a répondu à ses attentes, déployant toute sa panoplie offensive entre tirs à sept mètres et dunk stratosphérique. De quoi éblouir le parterre de stars ayant pris place au premier rang de l’Arena Bercy entre Léon Marchand, Omar Sy, Teddy Riner, Thierry Henry ou Tony Parker.

La défense version NBA n’a pas la rugosité de ses homologues européennes et ouvrait donc la porte à de nouvelles rotations que Vincent Collet a exploité en lançant rapidement Bilal Coulibaly ou en alignant ses tours jumelles dès le premier quart-temps. Les Américains n’ont ainsi commis qu’une seule faute lors du premier quart-temps laissant Wemby se rapprocher du cercle pour y faire un maximum de dégâts. Les troupes de Steve Kerr, elles, ont eu recours à l’arme qui a fini par terrasser une extraordinaire Serbie jeudi soir : le tir de loin. Si les Bleus sont parvenus à limiter leurs balles perdues (5 à la pause) ils ont en revanche été les victimes d’un bombardement extérieur mortel. Les stars NBA avaient fait mouche à 16 reprises au-delà des 6,75 m en demi-finale. Et après un court moment de trouble qui les voyait encaisser un 8-0 ponctué par un dunk en contre-attaque de Coulibaly, Kevin Durant et Stephen Curry réglaient la mire pour commencer à se détacher (36-46).

Le contraste était saisissant avec une Équipe de France qui allait chercher ses points dans la raquette, sur les larges épaules d’un Guerschon Yabusele monumental, qui suscitait les chants admiratifs de MVP, MVP du public. La prestation XXL de l’intérieur du Real Madrid ne pouvait cependant masquer le manque d’adresse de ses coéquipiers et les options plus limitées offensivement que ce que présentait la Serbie. Son équipe au bord de la rupture en début de deuxième mi-temps (43-56), Vincent Collet abattait sa dernière carte en décalant le "bear" à l’aile avec le duo Wemby-Gobert dessous, un alignement testé à une seule reprise en préparation.

Le salut tricolore ne pouvait venir que d’une défense exceptionnelle, comme elle avait pu l’être à Tokyo. Elle ne l’a été que par séquences, lorsqu’elle se fit plus intrusive dans les appuis, plus agressive dans les transmissions de balle, débouchant sur des interceptions qui alimentaient le scoring tout à coup porté par le duo Evan Fournier-Nando De Colo. Un frisson d’espoir saisissait les travées bleu-blanc-rouge lorsque celui qui disputait en finale son dernier match international ramenait à deux reprises les siens à -6 (66-72 et 76-82). Mais à chaque rapproché répondait la froide efficacité de Durant, Curry ou de Jrue Holiday. Curry, déjà ahurissant de réussite en demi (9/14 à trois-points), récidivait dans les derniers instants (8/12) pour mettre un terme au suspense et à un rêve un peu fou.

Les Bleus nourriront-ils quelques regrets ce soir ? Sans doute, tant ils avaient fait de ce duel si attendu le rendez-vous d’une vie. Mais dimanche, à l’heure de communier avec leurs fans au Club France, puis lundi au moment de se retrouver pour un dernier au revoir, aux côtés des féminines, elles aussi finalistes, la fierté et la joie prendront le dessus. Celles d'avoir replacer le basket français au sommet de la hiérarchie mondiale.