C’était la finale de rêve annoncée. Elle aura bien lieu samedi soir à 21h30. Les États-Unis contre la France pour un remake de la finale des Jeux de Tokyo en 2021.

vendredi 9 août 2024 à 16:27 par Julien Guérineau

Tous les joueurs de l’Équipe de France l’avaient sans aucun doute imaginé. Disputer une finale olympique à domicile le 10 août face aux maîtres du jeu, les États-Unis. Vincent Collet en avait fait le point central de son tout premier discours pour lancer la préparation. Ce match, il l’a dirigé des dizaines de fois dans ses songes. Samedi soir, il deviendra réalité. "J’avais cette déception le soir de la finale à Tokyo. J’avais vécu mon rêve de gosse, mais pas jusqu’au bout. Avoir cette deuxième opportunité est incroyable. Et on va la jouer à fond."

Revenus de l’enfer, les Bleus sont face au monstre ultime de fin de niveau. Les Américains ont remporté 19 médailles aux Jeux Olympiques. Un seul podium leur aura échappé, en 1980… lors du boycott pur et simple des Jeux de Moscou. A 16 reprises les États-Unis ont gagné l’or. Depuis que les joueurs NBA participent à la compétition (1992) ils présentent un bilan de 63 victoires et 4 défaites face à Porto-Rico, la Lituanie, l’Argentine… et la France.

Sept finalistes 2024 étaient de l’aventure. Ils connaissent donc le chemin. Mais aussi la douleur de voir s’envoler la médaille d’or après avoir battu les superstars NBA en poule (83-76) et résisté jusqu’au bout en finale (82-87). Si les US demeurent la référence absolue dans un sport qu’ils ont codifié et popularisé, leur aura d’invincibilité a depuis longtemps disparu. Les échecs en Coupe du Monde (2006, 2019, 2023) ont rappelé qu’il leur fallait aligner un roster cinq étoiles pour continuer à faire la loi. Et en demi-finale il a fallu des performances exceptionnelles des légendaires LeBron James et Stephen Curry pour éliminer la Serbie après avoir été menés de 17 points (95-91).

Les Bleus n’ont pas les mêmes forces que les Serbes qui ont exploité leur adresse de loin (15 tirs à trois-points réussis) et la polarisante présence de Nikola Jokic (11 passes décisives). Ils ont en revanche les moyens, et l’intention, de jouer le match sur un autre tempo pour ralentir une attaque qui carbure à 106,8 points de moyenne depuis le début du tournoi. Ils y sont parvenus face au Canada puis à l’Allemagne. Le défi est encore plus grand contre un parterre de futurs Hall of Famers.

Et les clés de la rencontre seront forcément différentes que lors des tours précédents. "Les cartes peuvent être redistribuées samedi face à une équipe au profil différent", a prévenu Vincent Collet à propos des rotations mises en place. A Tokyo, c’est en jouant grand, très grand, que la France avait fait jeu égal avec les Américains. Rudy Gobert pourrait donc être plus sollicité et, pour accompagner le duo Guerschon Yabusele/Mathias Lessort, la France attendra beaucoup de Victor Wembanyama face à une défense NBA qui pourrait lui permettre de retrouver quelques libertés alors que l’adresse le fuit à Paris (6/27 aux tirs). "Victor découvre le basket FIBA de très haut niveau", juge Vincent Collet. "C’est un apprentissage très intéressant. Il s’adapte. Il est très précieux sur les aspects défensifs, au rebond. On ne se rend pas toujours compte. Même à un contre deux il contrôle et c’est peut-être le seul au monde à pouvoir le faire. Son adresse ? Ce type de joueur fait toujours un très grand match. Et comme il n’en reste qu’un…"

Pour la quatrième fois de son histoire, le basket français va disputer une finale olympique. Après 1948, 2000 et 2021, il se voit offert une nouvelle chance d’occire l’ogre américain. "On avait l’opportunité de faire un exploit incroyable, de vivre quelque chose d’incroyable. C’est comme ça que ce groupe s’est construit", souligne Vincent Collet. Samedi soir il a rendez-vous pour son dernier défi.