Les Bleus devaient être une machine de guerre défensive. Après des semaines de doute, ils le sont devenus avec l’apparition des matches couperets pour étouffer les favoris canadiens et allemands et se qualifier en finale olympique.

jeudi 8 août 2024 à 22:21 par Julien Guérineau

Personne, mis à part les acteurs principaux, ne connaîtra précisément les ingrédients qui ont contribué à la métamorphose d’un groupe au bord du vide au moment de quitter le Stade Pierre Mauroy de Lille et devenu irrésistible quelques jours plus tard. A Paris, les Bleus sont devenus ce qu’il pensait être au début du mois de juillet, à l’heure de lancer leur préparation. Ou plutôt, ils sont devenus ce que leur entraîneur avait en tête depuis la terrible sortie de piste de la Coupe du Monde 2023 lorsque le Canada puis la Lettonie leur avait passé 95 et 88 points pour les sortir du tournoi dès le premier tour.

Comme un mantra, Vincent Collet n’a eu de cesse de répéter que c’est uniquement en proposant une défense hors normes que son équipe pouvait être à la hauteur de ses ambitions de podium. "Il faut croire que ce qu’on a semé en début de préparation a fait des petits", a souri l’entraîneur le plus victorieux de l’histoire du basket français qui va remporter la huitième médaille de sa carrière internationale samedi soir. "Il fallait un électrochoc. L’entrée dans les matches couperets et l’ampleur de la défaite contre l’Allemagne ont joué. Je pensais qu’on monterait en puissance contre eux vendredi dernier et nous n’avions pas été au rendez-vous de l’intensité et de tout ce qu’il fallait mettre dans ces matches-là."

Fidèle à son personnage, Collet s’est ensuite lancé dans une explication de texte sur les ajustements défensifs de ses troupes. Sur le concept de "flat edge sur les picks" et l’importance des "aides positionnelles", suscitant quelques sourires chez ceux présents dans l’assistante qui connaissent son goût de la pédagogie. Mais plutôt que les discours de la méthode sur les options défensives, c’est ailleurs qu’il est allé chercher les raisons d’un impressionnant retournement de situation. "Ce qui est encore plus important c’est ce changement d’état d’esprit, cette envie quasi irrésistible de dominer l’adversaire."

En quittant Bercy, Shai Gilgeous Alexander avait concédé que son équipe n’avait pas su répondre à l’agressivité. 48 heures plus tard, l’Allemagne, sûre de sa force, a subi le même sort. "Ils étaient convaincus de nous être encore supérieurs. Dans la maîtrise. Ils avaient un peu sous-estimé notre cœur et notre envie", estime Vincent Collet. "La dernière phrase du briefing c’était qu’on serait enragés mais qu’on ne laisserait pas les Allemands nous voler cette finale."

Depuis 80 minutes, les Bleus sont habités. D’une rage, d’une volonté, d’une détermination. Celles qui accompagnent la réalisation de la formidable opportunité qui s’offrait à eux avec des Jeux organisés à Paris. Les statuts, les temps de jeu, les ambitions individuelles ont volé en éclats. Rudy Gobert est resté 4 et 5 minutes sur le parquet en quart puis en demi. Mais il était le premier à exhorter ses coéquipiers au centre du terrain pour les projeter vers la finale. "Depuis deux matches c’est le "nous" qui a pris le dessus sur le "je", insiste Vincent Collet. "Les talents individuels sont au service du collectif et cela permet d’avoir des invités surprises. Mais ça demande de l’acceptation des supposés joueurs leaders."

L’émergence d’Isaïa Cordinier, l’impact de Mathias Lessort et la domination de Guerschon Yabusele ont bousculé les codes. Ils ont donné un nouveau visage aux Bleus qui ont laissé le Canada bloqué à 73 points et 37,9% de réussite, l’Allemagne à 69 points et 40,3% de réussite. Deux masterclass pour donner vie à la promesse faite il y a un mois de se retrouver samedi 10 août, à 21h30 pour une finale olympique.