Le trio Cordinier-Yabusele-Lessort a porté les Bleus vers les demi-finales avec 55 points, prenant le dessus sur les CV NBA du Canada.

mardi 6 août 2024 à 21:52 par Julien Guérineau

Les duels sans lendemain. Ceux où chaque possession compte. La nature même du basket EuroLeague. Le basket qui a triomphé mardi soir et propulsé la France en demi-finale des Jeux Olympiques. Si Victor Wembanyama a servi d’épouvantail dans la raquette (12 rebonds, 3 interceptions) et qu’Evan Fournier a porté le coup de grâce dans les dernières minutes, c’est bien la prestation d’un trio estampillé vieux continent qui a fait la différence.

Si Guerschon Yabusele a disputé 73 matches avec les Boston Celtics, qu’Isaïa Cordinier (Hawks) et Mathias Lessort (Sixers) ont tous les deux été draftés, ils ne sont qu’une anecdote dans l’histoire de la grande Ligue. En EuroLeague, en revanche, ils sont devenus des figures marquantes de la compétition. Et face au Canada et ses 10 joueurs NBA, ils ont plané sur la rencontre, cumulant 55 points à 63,6% de réussite et 13 rebonds. "Ça ne se résume pas à ça. On a aussi des joueurs NBA qui ont été très importants ce soir", tempérait Mathias Lessort, qui a facilement livré les clés de la rencontre. "Il fallait être en mode guerrier. Ils ont l’habitude d’être les agresseurs. Et nous ce soir on ne voulait pas être des victimes."

Inlassablement, le pivot du Panathinaïkos a pris ses positions sous le cercle, provoquant faute sur faute et se rendant à 14 reprises sur la ligne des lancers-francs. "On se rappelait que même dans la déroute de l’an passé à la Coupe du Monde, Mathias, alors qu’il n’était pas en condition, avait beaucoup fait souffrir leur raquette", a souligné Vincent Collet. "On voulait l’abreuver de ballons, d’autant qu’ils n’aident pas beaucoup. Il les a martyrisés en première mi-temps." Une stratégie payante pour exploiter un secteur intérieur qui devait constituer le point fort de la sélection cette campagne.

Avant Lessort, sorti du banc en relai de Victor Wembanyama, c’est Isaïa Cordinier qui avait servi de détonateur avec 10 points en trois minutes. Inséré dans le cinq de départ dans une logique défensive, c’est de l’autre côté du terrain qu’il a commencé par faire des dégâts. "Je n’avais pas prévu qu’il allait faire 4/5 à trois-points donc je ne vais pas la ramener", souriait Vincent Collet à l’heure d’analyser ses choix tactiques. L’arrière de la Virtus Bologne n’a jamais levé de pied, restant dans le registre tout en intensité et en agressivité qui avait sonné la révolte vendredi dernier contre l’Allemagne. "Je sais pourquoi je suis dans cette équipe. L’énergie c’est ma qualité. Et tout le monde s’est nourri de l’énergie de l’autre", estime-t-il. "Peut-être qu’on se cherchait, qu’il y avait trop de réflexion, trop de pression. Dans le sport de haut niveau il se passe des choses improbables une fois qu’on la confiance et qu’on rentre avec la bonne attitude."

Dernier membre du trio, Guerschon Yabusele, également intronisé titulaire, a rappelé pourquoi il était considéré comme l’un des meilleurs ailiers forts européens avec le Real Madrid. Déterminant quand le bateau tricolore a commencé à tanguer, c’est lui qui a signé les paniers qui comptent pour briser le momentum canadien, avec son habituel mélange de puissance et d’adresse. "Il fallait rester connecter, rester ensemble", insiste-t-il. "On a imposé le jeu dès le début, on a mis des coups dès le début. Au bout de quatre minutes je les ai regardés et ils avaient l’air paniqué. Ils ne s’attendaient pas à cette agressivité. Pour eux ça a été l’enfer."

Le chemin, Yabusele le connaît. Il l’a emprunté en 2021 à Tokyo pour rallier la finale olympique. Trois ans plus tard, sa destination reste la même. Elle passera par une revanche contre l’Allemagne jeudi soir à l’Arena Bercy.