Auteur d’un shoot exceptionnel avec la faute à dix secondes de la fin pour envoyer le match en prolongation, Matthew Strazel poursuit son été de rêve avec l’Équipe de France.

mardi 30 juillet 2024 à 20:35 par Julien Guérineau

Il faisait partie des très grosses cotes pour faire partie de l’aventure olympique. Aujourd’hui, Matthew Strazel a tenu le rôle de sauver pour sa 10e sélection avec les Bleus. A 21 ans, le meneur de Monaco a signé son record de points en sélection et le plus gros tir de sa jeune carrière, pour renverser une situation quasi désespérée contre le Japon. A 80-84, c’est ce héros improbable qui s’est levé pour faire chavirer le cœur des 27 000 spectateurs du Stade Pierre Mauroy et un banc de touche halluciné par tant de cran et de réussite. "Un tir comme ça, ça reste, surtout aux Jeux Olympiques ! Il nous a quasiment sauvés le tournoi", souriait Nicolas Batum en regagnant les vestiaires.

Cinq mois après ses débuts en Équipe de France lors des qualifications à l’EuroBasket 2025, Strazel est entré dans une nouvelle dimension, alors qu’il avait rejoint la préparation sur la pointe des pieds. "C’est encore une marche au-dessus avec les joueurs NBA qui arrivent. Je vais accepter mon rôle et le peu de minutes que je peux avoir. C’est une mission qui me plaît", déclarait-il à l’INSEP début juillet. Un discours prudent même si le jeune homme confiait également qu’il "s’était fixé comme objectif de faire partie de ce groupe élargi."

Il a fait bien plus encore, évoluant à plusieurs reprises dans le cinq majeur, lui qui, en EuroLeague a bien souvent dû se contenter des miettes dans un effectif monégasque pléthorique (3,5 pts de moyenne). "Une saison c’est éprouvant. Parfois au vu du travail qu’on fait on aimerait avoir plus de minutes. Mais j’arrive rapidement à prendre du recul sur la situation", estime-t-il.

Le déjà quadruple champion de France a cependant derrière lui cinq saisons dans la reine des compétitions européennes et l’expérience des fins de match au couteau. Il s’en voulait d’ailleurs d’avoir envoyé Yuki Kawamura sur la ligne des lancers-francs avant son tir décisif : "c’est une erreur de jeune joueur et je n’aime pas les faire parce que j’ai l’habitude de ces moments. Je suis heureux d’avoir sauvé les meubles derrière. Je marche beaucoup à la confiance. Quand j‘en reçois de mes coéquipiers et de mon staff ça me procure des émotions et j’ai l’impression d’être bien meilleur."

Alors que Vincent Collet avait privilégié un potentiel panier rapide d’Evan Fournier à dix secondes du buzzer, le ballon est finalement retombé dans les mains de Strazel qui n’a pas hésité à endosser des responsabilités inattendues. "Rudy a eu la lucidité de me sortir le ballon au bon moment. Ces tirs en partant vers la gauche ce sont des tirs que j’aime bien. J’ai eu de la chance que ça tombe dedans. C’était le vide dans ma tête. J’étais super content mais concentré sur le lancer derrière. Mettre un tir comme ça, si tu rates le lancer derrière ça ne sert à rien."

Au soir de la deuxième journée du tournoi olympique, les Bleus sont donc toujours invaincus et peuvent encore envisager prétendre à la première place de la poule. Le tout grâce, notamment, à deux gamins de 21 et 20 ans, Victor Wembanyama ayant régné sur la prolongation. Strazel lui, a profité de son quart d’heure de gloire en toute décontraction, répondant avec son naturel désarmant aux multiples sollicitations médiatiques et s’éclipsant sur une dédicace à Mike James, son coéquipier à Monaco qui n’aurait pas renié son exploit du soir.