Batman ne meurt jamais
En signant sa meilleure performance offensive depuis 10 ans, Nicolas Batum a sorti les Bleus du piège brésilien.
Il n’avait plus mis autant de points en Équipe de France depuis le 13 septembre 2014, lors du match pour le bronze à la Coupe du Monde. Près de dix ans plus tard, le seul basketteur français, avec Nando De Colo, à participer à quatre Jeux Olympiques, a remonté le temps. Ses 19 points ont sorti les Bleus d’une belle galère face au Brésil, lors d’un match qu’ils ne pouvaient pas se permettre de perdre et qu’ils ont abordé crispés et hésitants. "Même si j’ai déjà joué de gros matches ici, c’était particulier", a admis le capitaine. "Ça te prenait aux tripes et c’était impressionnant J’étais nerveux, je l’avoue."
Cette marée humaine de 27 000 spectateurs, Batum en avait déjà apprécié le pouvoir inhibant tout autant qu’euphorisant. Lors de l’EuroBasket 2015, c’est lui avait arraché la prolongation contre l’Espagne, en demi-finale, sur un tir primé décisif. Un moment de bonheur vite disparu lorsqu’il avait raté trois lancers-francs quelques minutes plus tard qui auraient pu envoyer le duel dans une deuxième prolongation. "Il s’est passé plein de choses entretemps", a-t-il simplement souri à l’évocation de ce douloureux souvenir. Plein de choses et notamment une collection inégalée de médailles internationales (six au total) qu’il rêve de compléter pour sa dernière campagne.
Pour la première fois de l’été, Vincent Collet avait décidé d’installer dans le cinq le vétéran qu’il avait lancé en Pro A il y a près de 20 ans. L’occasion de remonter le temps et de répondre à la demande de son entraîneur de se montrer plus agressif : "Je ne pensais pas qu’il jouerait autant. Mais quand on fait l’analyse de la préparation, il était souvent dans les 5 qui performaient le plus. C’est notre joueur facilitateur et il a mis des points ce soir." Une réussite liée notamment à la présence au cœur du dispositif tricolore de Victor Wembanyama. "Le fait d’avoir Victor sur le terrain permet d’accaparer l’attention et cela laisse beaucoup d’espace, ça correspond très bien à ce que Nico sait faire", souligne Nando De Colo, son compagnon de toujours. "Les gens ont tendance à l’oublier mais il est fondamental pour nous", ajoute de son côté Isaïa Cordinier.
Dans un rôle qu’il n’a pas toujours endossé et qui nourrit bien des débats autour de ses possibilités. "C’est la grande énigme Nicolas Batum depuis 15 ans", a glissé le meilleur marqueur du match avec l’incontournable Wembanyama. "Je ne pouvais pas laisser Wemby tout seul. Quand tout le monde s’est focalisé sur lui j’ai joué autour. Il fallait que je sois moi : bouger, être actif en défense. Me mettre sur Huertas m’a aidé."
Ses deux tirs à trois-points dans les 90 dernières secondes ont définitivement scellé le sort d’un match qui laisse les Bleus maîtres de leur destin avant de retrouver le Japon mardi soir.