France-Canada : encore trop justes
Menée durant l’intégralité du match l’Équipe de France n’est jamais parvenue à menacer un Canada en mode costaud à Orléans (73-85).
Comme il l’avait laissé imaginer lors du scrimmage disputé mercredi, Vincent Collet a fait évoluer son cinq majeur en confiant la mène à Frank Ntilikina et en alignant Evan Fournier à l’arrière. Il n’avait, en revanche, pas renoncé à son concept de twin towers, tout l’inverse d’un Canada en mode small ball, avec Dillon Brooks (1,98 m) positionné au poste 4 et en mission défensive sur Victor Wembanyama.
Un avantage de taille que l’intérieur des Spurs n’aura pas eu l’occasion d’exploiter, renvoyé sur le banc par deux fautes expéditives. Les arrières canadiens accrochés, comme attendu, aux mollets des attaquants tricolores, la mise en place offensive des Bleus demeurait délicate même si l’entrée de Nando De Colo leur permettait de gagner en fluidité. En face Jordi Fernandez confiait les clés de son attaque à Shai Gilgeous-Alexander.
La superstar du Thunder est peut-être aujourd’hui le meilleur attaquant du monde. Le plus élégant en tout cas. Un arrière aux mouvements d’une douceur veloutée, qui donne au public la sensation qu’il glisse sur un terrain, mais laisse les défenseurs pétrifiés. SGA, apparu peu concerné, il y a 48 heures, a cette fois pris les choses en main dès la première mi-temps, permettant au Canada de faire constamment la course en tête. Ceci d’autant plus que sa doublure, Andrew Nembhard, est également un redoutable joueur de un-contre-un. Les deux hommes combinaient pour 19 points en 20 minutes assurant à leur équipe un avantage oscillant entre 4 et 9 unités.
La France parvenait à rester au contact grâce à l’opportunisme de Bilal Coulibaly puis à une séquence une nouvelle fois exceptionnelle de Wembanyama. Faute de pouvoir s’approcher du cercle face à la dureté physique de Brooks et RJ Barrett, il déployait ses immenses segments pour décrocher des tirs extérieurs impensables pour un tel gabarit. Des exploits devenus banals tant l’Alien maîtrise son basket. A l’échauffement, il enquillait déjà, face à un public transi d’amour, les dribbles croisés et les step-back à 6,75 m. Mais à 20 ans, celui qui dispute sa première compétition internationale, est également capable de relever le défi de la dureté et n’a pas fui le combat face à un Brooks ravi de son rôle de vilain.
Indispensable dans un match devenu particulièrement physique. Les pistoleros avaient ainsi déposé leurs flingues aux vestiaires pour laisser place aux déménageurs. Barrett cherchait ses points sur la ligne des lancers-francs et Matthias Lessort jouait des coudes pour ne pas décrocher. Mais une nouvelle fois les balles perdues, talon d’Achille de la sélection, offraient des opportunités de jeu rapide à des Canadiens longtemps muets mais débloqués par ces cadeaux tombés du ciel.
Le K.-O. n’allait pas tarder à suivre, délivré par Gilgeous-Alexander. Une série tout en contrôle pour lancer un 0-10 décisif, alors que Guerschon Yabusele s’était démené pour maintenir le suspense (de 61-66 à 61-76). Au tir, au drive ou à la passe, tant son pouvoir d’attraction libère des boulevards à ses coéquipiers. La montée en puissance du Canada, vainqueur de sa première médaille internationale l’an passé à la Coupe du Monde, est bien réelle et son statut de candidat à la finale olympique bien réel. D’autant que Jamal Murray, le champion NBA 2023 avec les Nuggets, est resté en civil vendredi soir.