En s’effondrant face au Canada, les Bleus sont déjà dos au mur. Et l’écart concédé fait qu’ils ne sont plus maîtres de leur destin dans l’optique, lointaine, des quarts de finale.

vendredi 25 août 2023 à 19:37 par Julien Guérineau, photo Armand Lenoir

"On s’est fait botter le cul." Evan Fournier a résumé en une phrase le sentiment général après une soirée cauchemardesque pour l’Équipe de France. Il fallait replonger dans les livres d’histoire pour trouver trace d’une telle déroute (-31 face aux Etats-Unis en préparation de la Coupe du Monde 2010).

Le bilan de cette terrible entrée en matière est doublement problématique. Tout d’abord elle transforme le France-Lettonie de dimanche (15h30) en un match de la peur. Une défaite couplée à une victoire (probable) du Canada sur le Liban, et les hommes de Vincent Collet auraient à jouer les rencontres de classement de 17 à 32. Un succès leur ferait faire un grand pas vers le deuxième tour mais le chemin vers les quarts de finale y serait en revanche tortueux. Les Bleus prieraient dès lors pour que le Canada signe un sans faute pour éviter des égalités à trois où le -30 concédé vendredi pourrait être rédhibitoire. "Nous n’avons plus notre destin entre nos mains, même en gagnant tous nos matches. C’est terrible", regrettait Vincent Collet avant de quitter l’Indonesia Arena.

La projection semble, quoi qu’il arrive, lointaine, tant la France a paru impuissante au cours de la deuxième mi-temps (25-52). "Ça part de l’état d’esprit. Ils ont été plus physiques que nous. On a passé notre temps à nous plaindre", pestait Rudy Gobert. "Avec cette mentalité là on n’ira pas loin. Peut-être est-ce ce dont on avait besoin." Une méthode Coué logique pour une équipe qui ne doit penser qu’à un rapide rebond face à la Lettonie. Une équipe de shooteurs (109 points marqués et 18 tirs à trois-points réussis contre le Liban) qui n’aura pas l’impact physique hors norme des Canadiens. "On a répondu de manière directe à une pression défensive énorme au lieu de faire bouger la balle ou d’enfoncer le clou intérieur", estime Vincent Collet. "Même les Américains il y a deux ans ne défendaient pas aussi dur sur la balle. Les joueurs ne s’attendaient pas à cette opposition."

Repoussés loin, très loin derrière la ligne à trois-points sur tous les démarquages, les Bleus n’ont jamais pu servir leurs intérieurs et abusé du tir de loin (6/28). "Dès qu’on a bougé le ballon il se passait de bonnes choses. Mais une passe un tir ou aucune passe un tir… au début on a mis les shoots mais ensuite avec la fatigue plus rien ne rentrait", soulignait de son côté Rudy Gobert. "Et de mon côté j’ai été inexistant… je suis un peu dur avec moi-même mais je n’ai pas impacté le match comme je dois le faire."

Alors que Shai Gilgeous-Alexander semblait marcher sur l’eau, la France n’a pas su réagir à de très mauvaises minutes à la sortie des vestiaires. "On a vraiment lâché. On a pris un uppercut qui nous a mis K.-O.", estimait Vincent Collet. Face à des joueurs qui dégagent une confiance et une envie, les Tricolores ont sombré. Ils ont 48 heures pour recouvrer leurs esprits.