Après avoir annoncé la liste des 12 joueurs retenus pour la Coupe du Monde, Vincent Collet a commenté ses choix devant la presse.

mercredi 28 juin 2023 à 21:45 par Julien Guérineau

"Nous n’avons jamais fait autant de réunions que cette année avec mes assistants. Lorsque l’on prend 15 ou 16 joueurs, les arbitrages peuvent être retardés. Mais sélectionner les 12 joueurs c’est ce que nous avions fait à Tokyo dans une logique de gain de temps. C’était une liste difficile à composer. Et elle a dû être recomposée au dernier moment puisque nous avons appris tardivement le forfait de Victor Wembanyama." Vincent Collet a commenté pendant de longues minutes la sélection de l’Equipe de France pour la Coupe du Monde et n’a pas caché que la constituer aura été la source de nombreuses interrogations avec son staff technique.

En premier lieu pour choisir les meneurs qui dirigeront les Bleus en Asie. La grande nouveauté du groupe est la présence de Sylvain Francisco, 6 sélections seulement, qui avait découvert l’équipe nationale en février 2022 et qui a été préféré à Andrew Albicy. "C’est le poste sur lequel on a le plus hésité", remarque Vincent Collet. "L’émergence de Sylvain, que nous avons pu constater lors des dernières fenêtres, son évolution, son âge, ont fait que nous avions envie de l’intégrer. On considérait ensuite qu’avoir deux meneurs de petite taille était un luxe qu’on ne pouvait pas se permettre. On a beaucoup réfléchi aux équilibres, aux complémentarités dans l’association des joueurs. 4 joueurs peuvent aider à la mène. Sylvain Francisco est un meneur pur et on peut considérer que Frank Ntilikina l’est également." Discret avec les Mavericks cette saison (2,9 pts en 13’), Ntilikina avait été déterminant à la Coupe du Monde 2019 mais les blessures ont, depuis, largement limité son impact, en NBA comme chez les Bleus.

Nando De Colo effectuera de son côté son retour après son absence à l’EuroBasket 2022, tandis qu’Elie Okobo a pris une nouvelle dimension avec Monaco. Les deux hommes évolueront naturellement à l’arrière tout en présentant la particularité de pouvoir prendre la mène en cas de besoin. La polyvalence a d’ailleurs fortement influencé la composition du groupe France. "Habituellement on fait une liste à 7 joueurs extérieurs et 5 joueurs intérieurs. Cette année, Nicolas Batum a un peu glissé vers l’intérieur même s’il sera principalement utilisé en ailier." Également forfait à l’EuroBasket, le joueur des Clippers est fréquemment utilisé au poste 4, où le titulaire demeure Guerschon Yabusele, poussant le staff à ne pas sélectionner un intérieur supplémentaire afin de pleinement exploiter le potentiel effrayant de la triplette de pivots Moustapha Fall-Rudy Gobert-Mathias Lessort. "Et la réintégration de Batum et De Colo permettra je pense d’exploiter encore mieux le jeu intérieur", espère le coach.

A l’aile, Vincent Collet souhaite qu’Evan Fournier, "impatient" de débuter, retrouve rapidement du rythme après avoir passé de longues semaines sur le banc des Knicks. Deux soldats complètent ce poste. Terry Tarpey qui avait séduit l’an passé à l’EuroBasket au point de passer du statut de 12e homme à celui de titulaire. Et Yakuba Ouattara, sans doute la plus grande surprise de la liste. "On a vu cette année, de façon magnifique, que Yakuba cassait souvent la figure du meneur adverse pendant 6-7 minutes", sourit Vincent Collet à propos de celui qui se verra sans doute confier des missions défensives. "En plus avec un état d’esprit toujours exceptionnel."

L’Equipe de France 2023 est donc plutôt expérimentée (pas un élément de moins de 25 ans) et s’appuie sur un noyau dur médaillé d’argent à Tokyo. De quoi nourrir de grandes ambitions même si Vincent Collet met en garde contre un excès de confiance : "C’est très français de faire en sorte que les victoires et les médailles deviennent la norme. Il faut pourtant réinventer le chemin à chaque fois. Il faudra créer les conditions pour transformer en essai notre ambition. C’est une fierté de faire partie des favoris. Mais on connaît notre sport et beaucoup d’équipes peuvent prétendre à ce statut. A l’EuroBasket, la meilleure équipe sur le papier n’a pas passé les huitièmes de finale."