Lacombe, gardien du temple
Depuis six ans il est un incontournable des Bleus en version qualifications et à 32 ans, vient de signer sa meilleure évaluation en carrière contre la République tchèque.
Paul Lacombe s’y connaît en fenêtre. Depuis 2017, il aura participé, demain, à 18 des 24 rencontres de qualifications aux Coupes du Monde 2019 et 2023. Seul Andrew Albicy (20) a fait mieux. Le natif de Vénissieux en a profité pour décrocher au passage une médaille de bronze lors du rendez-vous intercontinental, à Pékin. A 32 ans, il ne se projette pas de nouveau vers l’Asie et sourit même à l’évocation de cette anecdote statistique : "Tu comptes le match d’Andrew contre le Monténégro ?" En novembre 2021, dans un duel serré à Pau, face aux Monténégrins, le meneur de Gran Canaria avait dû quitter ses coéquipiers après seulement deux minutes et la présence du couteau suisse Lacombe, s’était avérée décisive (14 d’évaluation). La démonstration implacable de l’utilité de la sélection d’un joueur présenté comme homme lige de Vincent Collet. L’entraîneur des Bleus n’a donc pas hésité à faire de nouveau appel à lui l’été dernier puis il y a trois mois pour guider un groupe largement rajeuni. "Vincent m’a rappelé parce qu’il a confiance en moi et me connaît parfaitement. C’est donnant-donnant, je pense que je lui ai bien rendu et de mon côté je le remercie à chaque interview."
Une association qui fonctionne d’autant mieux que Paul Lacombe incarne pleinement l’esprit du Team France mis en place en 2017 et qui a permis au basket français de naviguer sans dommage sur les eaux tumultueuses des qualifications FIBA. "Quand je me rappelle de la pression qu’on avait en 2017 !", souffle-t-il. "Le discours tenu, les pétoches, le fait de ne pas sacrifier les générations suivantes. On ne savait pas où on allait." Les Bleus new-look avaient fait le travail et le format a révélé des éléments qui paraissaient très éloignés de la sélection, Lacombe en premier lieu. "Les fenêtres m’ont permis de porter ce maillot et de montrer ce que je pouvais faire au niveau international. Je n’aurais jamais cru en arrivant que je parviendrais à avoir autant de sélections. En jeunes je n’ai jamais été le meilleur prospect, mis en avant comme d’autres le sont aujourd’hui et qui sont appelés à avoir un très grand avenir. Donc je le reçois vraiment comme un honneur, un privilège."
Champion d’Europe U20 en 2010 avec Andrew Albicy et Nicolas Lang, Lacombe savoure chaque convocation chez les A : "J’adore le staff, c’est une bulle d’oxygène dans des saisons qui parfois sont délicates." Garant d’un certain état d’esprit, le vétéran a visiblement particulièrement goûté à l’apport d’une jeunesse porteuse d’une certaine fraîcheur en plus d’une dimension athlétique historique. "La meilleure fenêtre que j’ai connue c’était en novembre dernier. Pourtant je n’étais pas impactant dans le jeu, mais quel plaisir ! On avait tous hâte de se retrouver. On sent que quelque chose de nouveau se passe. Moi je ne suis pas là pour jouer ma place ou montrer des choses. C’est le cadet de mes soucis. Je suis juste là pour aider."
Et celui qui a quitté l’ASVEL le 30 octobre pour rejoindre la SIG y retrouver du temps de jeu, a fait bien plus que ça. A Pardubice, le double champion de France en titre s’est fendu de 13 points, 7 rebonds, 4 passes décisives et 4 interceptions pour une évaluation de 23, la meilleure de sa carrière chez les Bleus. Une sortie typique du style Lacombe, tout en opportunisme et en QI basket. "Mais c’est un peu caché par Victor. L’enfoiré !", explose-t-il de rire. Avant de confirmer qu’il vit, en Équipe de France, "une deuxième jeunesse."