L’EuroBasket est sens dessus dessous et l’Equipe de France affronte en demi-finale la surprenante Pologne, vendredi à 17h15 (en direct sur Canal + Sport 360 et W9).

jeudi 15 septembre 2022 à 12:46 par Julien Guérineau

Ce devait être la Serbie, ce fut l’Italie. Ce devait être la Slovénie, ce sera la Pologne. Dans un EuroBasket complètement fou, les pronostics ne valent plus rien. Les trois superstars du tournoi, Doncic-Antetokounpo-Jokic, tous membres de la All-NBA First Team, sont de retour dans leurs pénates, éliminées en quarts de finale. La France, elle, est passée entre les gouttes, mélange de chance, de ténacité, de caractère et d’opportunisme qui font les grands résultats.

On attendait donc Luka Doncic, ce sera Mateusz Ponitka. L’ancien arrière du Zenit Saint-Petersburg a signé un véritable chef d’œuvre mercredi soir : 26 points, 16 rebonds et 10 passes décisives pour le quatrième triple-double de l’histoire de la compétition. Il a emmené dans son sillage une Pologne qui avait déjà surpris à la Coupe du Monde 2019 en atteignant les quarts de finale. Aaron Cel, le Franco-Polonais formé au Mans et international tricolore chez les jeunes, parle "d’âge d’or" du basket polonais, un pays habituellement plus connu pour les exploits de ses volleyeurs, finaliste du Mondial il y a quelques jours. Contre la Slovénie les joueurs d’Igor Milicic ont touché au sublime pendant une mi-temps puis ont fait preuve d’une incroyable volonté pour ne pas s’effondrer lorsque leur avance de 23 points a disparu.

L’ailier Michal Sokolowski, le pivot Aleksander Balcerowski et l’Américain naturalisé AJ Slaughter, bien connu du championnat de France et qui évolue en sélection depuis 2015, complète un quatuor majeur parfaitement complété par des joueurs de rôle sobres et efficaces. Parfois sur courant alternatif (-30 contre la Finlande, -27 face à la Serbie), la Pologne a su gagner le match qu’il fallait en huitièmes contre l’Ukraine avant de signer l’exploit du tournoi face à la Slovénie. Comme les Italiens pouvaient l’être après avoir sorti la Serbie, ils se présentent donc euphoriques face à l’Equipe de France qui semble, de son côté, bénie des Dieux du basket après ses deux victoires en prolongation.

Tantôt autoritaire tantôt à côté de leur basket, les Bleus sont les spécialistes des grands écarts au cœur d’une même rencontre et n’ont toujours pas trouvé le chemin de la continuité. "On peut être tellement forts. C’est frustrant de nous voir jouer comme ça. On peut dominer tout le monde si on joue bien sur 40 minutes", souffle Evan Fournier. Une inconstance sans doute irritante pour beaucoup. Mais les faits sont têtus : la France est toujours en course pour une médaille et les favoris au titre dans l’avion dans du retour.

Après la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques, les Bleus ont intégré le top 4 d’une compétition internationale, ce qu’aucun autre pays n’est parvenu à faire. Ils savent que l’opportunité qui se présente devant eux de rejoindre pour la troisième fois de leur histoire une finale européenne, après 2011 et 2013, est immense. "Nous sommes heureux d’être là et d’être en vie", souriait Vincent Collet. "La Pologne n’a pas volé sa place. Le match de mercredi a bien eu lieu ! Je sais qu’on connaît moins les joueurs mais pour avoir regardé les matchs de poule dans la nuit, s’ils ont moins d’armes offensives, leur défense est bien plus solide que la Slovénie. Il faudra se préparer à cette agressivité défensive."

Les miraculés de Berlin savourent leur situation et assistent avec délectation à l’exode qui frappe le Sheraton où les gigantesques salons qui servent les repas se vident jour après jour. Et peu importe l’identité des survivants. "Le fait que les autres perdent c’est de leur faute. Mais on ne regarde pas ça. On regarde les adversaires. On se fout des équipes contre qui on aurait pu jouer", souligne Timothé Luwawu-Cabarrot. Vendredi soir, c’est la Pologne qui se dresse entre les Bleus et la finale de l’EuroBasket.