10 points, 4 rebonds et 1 contre en 18 minutes, Mouhammadou Jaiteh n’a pas raté son retour sous le maillot bleu après trois ans loin de la sélection.

samedi 27 novembre 2021 à 11:31 par Julien Guérineau

Il a apprécié comme il se doit une Marseillaise qu’il n’avait plus entendue depuis septembre 2018. Assumé un rôle de titulaire au pivot qu’avait décidé de lui confier Vincent Collet. Et savouré le tour d’honneur à la fin de la rencontre face au Monténégro. Mouhammadou Jaiteh attendait depuis longtemps son retour en Equipe de France. Un come-back qui semblait se dessiner mais repoussé à plusieurs reprises. En novembre 2020 c’est un test positif au Covid qui l’éloigne de la sélection. En février 2021 il n’est pas appelé malgré ses bonnes performances en Turquie. Et l’été dernier, il se blesse immédiatement après avoir rejoint le groupe France qui prépare les Jeux Olympiques. "J’ai juste eu le temps de saluer tout le monde… et je suis reparti", sourit-il philosophe. "Un entraînement, une sieste, une blessure ! Je crois au destin donc je me dis que ce n’était pas mon heure. Et surtout ça n’a rien changé à mon envie d’y être."

Sa spectaculaire saison 2020/21 à Gaziantep (16,1 pts, 11,0 rbds) lui a ouvert les portes de la prestigieuse Virtus Bologne. Un club légendaire bien décidé à retrouver son lustre d’antan et qui "ne cache pas ses ambitions." La signature au sein de l’institution transalpine valide le retour au premier plan d’un ancien prospect de premier plan du basket français, contraint de s’exiler à l’étranger après une fin de cycle compliquée à Limoges, en 2018. A Turin, Saratov puis Gaziantep, Jaiteh s’est réinventé, loin des yeux scrutateurs du basket français. "J’étais dans des coins un peu isolés. Donc je comprends la curiosité vis-à-vis de moi aujourd’hui", analyse-t-il.

Vendredi soir, à Pau, il a renoué le fil d’une histoire avec les Bleus commencée précocement, à 20 ans seulement, avec l’EuroBasket 2015, terminé sur la troisième marche du podium. "Je fais partie des rares joueurs de ce groupe à avoir côtoyé de l’intérieur l’ancienne génération. J’étais totalement observateur à l’époque. Ça marque à vie", remarque Jaiteh. "C’est drôle parce que je me trouve parfois dans des situations où je ne sais pas si je dois réagir comme un nouveau ou un ancien. C’est particulier." Jaiteh a en effet partagé le terrain avec Tony Parker, Nicolas Batum, Nando De Colo ou le désormais General Manager des Bleus, Boris Diaw. Une époque lointaine que le pivot de la Virtus apprécie d’avoir vécue tout en se projetant avec enthousiasme vers l’avenir. "On est là pour un objectif qui nous dépasse. Si on le remplit, on se donne aussi des chances individuellement", tranche-t-il.

Face au Monténégro, il rendu une copie prometteuse, confirmant sa capacité à prendre de la place dans la raquette, offrant ainsi une cible importante à ses arrières dos au panier. Une sortie dans la lignée de ses premières semaines à la Virtus (9,0 pts et 6,6 rbds de moyenne en 20’ en Lega). Lundi soir, en Hongrie, le toit des Bleus, avec ses 2,06 m, devrait à nouveau jouer un rôle important contre une équipe qui aligne trois éléments à plus de 2,08 m. Et en attendant, il continuera de prolonger ses dîners avec des coéquipiers qu’il apprécie sincèrement de retrouver après une longue parenthèse : "C’est un vrai plaisir. Surtout pour quelqu’un comme moi qui suis parti de France depuis un certain nombre d’années. C’est l’occasion pour moi de revoir des joueurs avec qui j’avais une certaine proximité. Cela va au-delà de la fierté personnelle et du sportif. C’est lié à l’humain."