Longtemps malmenée par le Monténégro, l'Equipe de France a trouvé sur son banc les ressources pour renverser la vapeur dans le quatrième quart-temps et s'offrir un premier succès, 73-67, dans les qualifications à la Coupe du Monde 2023.

vendredi 26 novembre 2021 à 22:10 par Julien Guérineau

La mise en garde était bien réelle. Jeudi soir, pour la première journée des qualifications à la Coupe du Monde, la Turquie a baissé pavillon en Biélorussie tandis que la Grande-Bretagne battait la Grèce et l’Allemagne s’inclinait à domicile face à l’Estonie. Le nivellement des valeurs, conséquence du calendrier abscons du basket européen, fait des victimes parmi les grands noms du Continent et l’Equipe de France s’avançait prudente et méfiante face au Monténégro, consciente que sa médaille olympique estivale ne lui offre aucune garantie à l’heure où pointent les frimas de l’hiver.

Vincent Collet avait rappelé à ses troupes qu’elles n’avaient aucune marge et le premier quart-temps a rapidement fait de sa mise en garde une réalité. Avec Andrew Albicy obligé de quitter ses coéquipiers après à peine deux minutes de jeu, Justin Cobbs en profitait pour prendre le match à son compte et lancer son pays d’adoption (8 points et 3 passes décisives en 9 minutes). Une autre blessure, quelques instants plus tard, celle de Nicolas Lang, finissait de plomber l’ambiance au Palais des Sports de Pau tandis que les Monténégrins se détachaient irrémédiablement (5-12, 13-20). Les Bleus avaient toutes les peines du monde à ralentir la belle alternance intérieur-extérieur d’un adversaire qui s’appuyait notamment sur une insolente adresse de loin (5/6 à trois-points à la pause). Une réussite qui contrastait avec une légèreté sur la ligne des lancers-francs qui finissait par lui coûter (5/11), alors que la France haussait le ton défensivement.

Après que l’activité de Paul Lacombe l’ait aidée à garder la tête hors de l’eau, elle trouvait également un duo Louis Labeyrie-Isaïa Cordinier qui allait la porter offensivement. L’intérieur de Valence faisait apprécier la variété de sa palette technique tandis que l’ailier de la Virtus Bologne, après des premières minutes compliquées, inscrivait un panier à trois-points à plus de 10 mètres en fin de possession qui le relançait totalement. S’en suivait un dunk monumental en pénétration et plusieurs tirs intermédiaires qui ramenaient les Bleus à hauteur au moment de regagner les vestiaires (38-38).

Un break qui ne refroidissait pas les ardeurs de Vladimir Mihailovic. A 31 ans l’arrière de Mornar Bar est loin d’être une référence du basket européen mais il a touché au sublime vendredi soir, alternant les tirs de loin et les finitions près du cercle sans que la défense française ne parvienne à le contenir. Et lorsque Justin Cobbs venait se mêler à la fête, le Monténégro prenait dangereusement ses aises (46-56). Vincent Collet cherchait sur son banc d’autres associations, lançant Lahaou Konate, Alexandre Chassang, Amine Noua ou Nicolas Lang. Les soldats parfaitement dans l’esprit du Team France. "On se sert de chaque moment pour inculquer un socle de valeurs et l’identité de cette équipe. Peu importe qui la compose", insistait pendant la semaine Vincent Collet. "Ceux qui portent ce maillot savent où ils mettent les pieds."

L’improbable attelage se jetait sur tous les ballons et Lang, remis de sa frayeur, plantait trois banderilles longue distance qui annonçaient un money-time haletant (63-63). La gabegie monténégrine aux lancers-francs se poursuivait (9/20) et un Isaïa Cordinier aérien et déchaîné parachevait une formidable remontada réussie avec le coeur et les tripes.

Les réactions
Vincent Collet :
 "C’est une belle victoire, on ne se voyait pas abandonner une rencontre à domicile. Nous avons joué une équipe qui a joué à son meilleur niveau pendant une trentaine de minutes. Nous avons eu le courage et l’abnégation pour ne pas lâcher alors que nous étions à -10. Nous avons retrouvé du rythme et de l'agressivité en attaque dans le quatrième quart-temps alors qu’on était arrêté auparavant. Isaïa Cordinier et Paul Lacombe ont trouvé quelques solutions et Nicolas Lang permet ensuite de donner des espaces. Sa réussite a changé leur organisation défensive et Isaïa a su en profiter. C’est un bel effort de toute l’équipe. On pensait avoir réglé nos soucis à la mi-temps car on avait vu de bonnes séquences. Malheureusement nous sommes mal repartis. Nous étions contents de trouver des joueurs à ce moment-là qui nous ont donné un autre équilibre, à l’image d’Amine Noua."

Isaïa Cordinier : "Nous sommes restés forts comme groupe pour continuer à faire les efforts. Mention spéciale à Nicolas Lang qui nous relance complètement. C’est assez représentatif de l’état d’esprit du groupe. Tout le monde reste toujours prêt. Le plus important c’est qu’on ne pense pas à plus tard. "