Interview Vincent Poirier : "Je suis là pour gagner la Liga"
De retour en Europe après plusieurs expériences difficiles en NBA, Vincent Poirier n'a pas dit son dernier mot.
En mal de temps de jeu depuis son arrivée en NBA, Vincent Poirier a fait le choix de revenir en Europe à quelques mois des Jeux Olympiques. Signataire d'un contrat jusqu'en 2024 avec le Real Madrid, l'intérieur des Bleus a à coeur de prouver à la planète basket qu'il n'a rien perdu de ses qualités. Auteur de deux très bonnes performances pour ses débuts en championnat mais pas qualifié pour jouer l'EuroLeague, il a pris le temps de répondre à nos questions alors que ses coéquipiers bataillent actuellement pour une qualification en demi-finale de la compétition reine.
Qu'est-ce que ça fait de retrouver les parquets, de retrouver son impact, du temps de jeu ?
C’était le but en revenant en Europe. Prendre du plaisir, retrouver des sensations sur le terrain. Je n'ai fait que deux matchs, ça revient progressivement. Je ne suis pas encore à 100% mais le but c’est de l’être pour les Playoffs ACB. Je vais continuer de bosser au jour le jour pour être prêt.
Quitter la NBA a-t-il été un choix difficile à faire ?
Non pas du tout. J’avais dit à mon agent qu’en vue des Jeux Olympiques je voulais jouer et que s’il fallait retourner en Europe, je retournerais en Europe. Ça n’a vraiment pas été un choix difficile, j’étais très content de signer au Real Madrid.
Si les Jeux Olympiques n’avaient pas eu lieu, auriez-vous tenté une dernière fois votre chance aux États-Unis ?
J’aurais peut-être réfléchi un peu plus, me donner une dernière chance, une dernière occasion de jouer là-bas. Mais au vue de ce que je ressentais personnellement, des derniers mois passés là-bas, la décision était murement réfléchie. La même occasion se serait présentée, sans les Jeux Olympiques cet été, j’aurais accepté la proposition.
Avez-vous privilégié un retour en Espagne car vous connaissiez bien ce championnat ou ça n'a pas eu d'importance ?
J’ai privilégié l’Espagne parce que je pense que c’est le meilleur championnat européen. J’aime aussi la vie en Espagne, tout était réuni pour que je revienne ici. Madrid est une belle ville, une très bonne organisation, c’était difficile de dire non.
Votre départ de Philadelphie avait été largement commenté dans les médias. En Europe, le côté humain est-il plus important qu'en NBA où le business est roi ?
Le Real a été le premier club à appeler lorsque j’ai été coupé par les Knicks. En NBA c’est le business mais ce n’est pas mes affaires. J’en avais parlé dans les médias mais ça avait été amplifié. Je n’en veux pas à Doc Rivers. Après, j’aime le côté humain, quand les choses sont honnêtes et franches. Je pense que la mentalité ici est différente, moins business. Il y a une part d’affect.
Vous avez signé jusqu’en 2024 au Real Madrid. Est-ce rassurant pour un joueur de savoir que l’on va pouvoir se concentrer uniquement sur le basket, sans avoir à penser à une renégociation de contrat ?
C’était voulu. Je voulais un contrat longue durée. J’ai fait trois déménagements en deux ans. Je suis quelqu’un qui aime la stabilité, qui aime être à l’aise dans sa vie pour être performant au basket. Là je vais être focus à 100% sur le basket, je n’aurais pas d’autres préoccupations.
Pourquoi le Real Madrid et pas un autre club ?
J’en avais marre de perdre contre eux (rires). Le Real représente beaucoup pour moi, c’est un club qui a gagné beaucoup de titres, une grosse écurie européenne. Fabien Causeur m’a appelé et on a discuté. Ça fait plaisir de sentir qu’une équipe a besoin et envie de toi. C’était un intérêt mutuel, ça s’est fait naturellement.
Vous êtes arrivé dans une équipe avec une forte présence intérieure avec Walter Tavares, Alex Tyus, Usman Garuba... Cela ne vous a pas inquiété au moment de signer ?
Non parce que je ne vois pas ça comme une concurrence, je vois ça comme une addition. Je ne pense pas que le Real m’ait signé en se disant que j'allais être en concurrence avec Tavares, Tyus et les autres. J’ai été signé pour apporter quelque chose à l’équipe. Je peux jouer avec Tavares parce que j’ai développé un shoot extérieur. Je peux jouer avec Tyus pour les mêmes raisons. On est complémentaire, pas les uns contre les autres. C’est la mentalité qu’il faut avoir, je ne suis pas là pour prendre la place de qui que ce soit, je suis là pour apporter à l’équipe et performer avec eux.
On vous sent très à l’aise depuis votre arrivée (Vincent tourne à 11 points et 5 rebonds de moyenne en seulement 17 minutes après deux rencontres, ndlr). Pensiez-vous que ça allait être aussi « facile » après plusieurs mois sans réellement jouer ?
C’est surtout les statistiques qui montrent ça mais par exemple face à Fuenlabrada je ne fais pas une très bonne première mi-temps. Je cherche encore à trouver du rythme, à apprendre à jouer avec mes coéquipiers. J’ai un jeu basé sur le collectif, je ne suis pas un joueur d’un contre un. Je prends mes marques, mes habitudes, j’apprends à jouer avec les gars et c’est aussi pour ça que je ne suis pas encore à 100%. J’ai encore beaucoup de choses à régler mais les sensations reviennent. Ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent me faire confiance donc il faut être performant sur les ballons que je touche.
Comment jugez-vous votre utilisation par Pablo Laso sur ces deux premiers matchs ? C’est intéressant de vous voir dominer physiquement à l'intérieur mais aussi tirer à 3 points...
J’ai travaillé en NBA, j’avais beaucoup de temps pour améliorer mon shoot. Si j’ai un tir ouvert, je n’hésiterai pas à le prendre. Après, c’est aussi au feeling du jeu. Je ne pense pas que je prendrai 10 tirs à 3 points par match. Mon fond de jeu reste le jeu près du panier, courir vite vers l’avant mais j’essaie d’alterner, de montrer que j’ai progressé et c’est quelque chose qui pourra servir pour l’Équipe de France.
Vous ne pouvez malheureusement pas jouer en EuroLeague, votre seul but est donc de remporter la Liga cette saison ?
C’est le seul objectif que je peux avoir aujourd’hui parce que je ne peux pas jouer l’EuroLeague. J’essaye de les alléger en ACB, que les joueurs puissent respirer et rester performants. Mon objectif c’est de gagner la Liga et de les supporter en EuroLeague pour qu’ils aillent le plus loin possible.